Pour la Prévention : l’outre-mer n’existe pas !

, par Patrice HARDOUIN

Pas facile d’enseigner outre-mer, surtout si on ne diffuse pas d’infos pour ces régions. Même internet ne rapproche pas l’outre-mer de la métropole. En voici quelques exemples…

On estime tout de même la population de la France d’outre-mer à environ 2,6 millions d’habitants au premier janvier 2010.

Parmi ces nombreux habitants se trouvent des jeunes que nous avons, pour la plupart, en cours.

Tous les jours nous sommes confrontés à un manque criant d’information pour ces jeunes. Si il existe des plans nationaux ils ne s’appliquent que fort rarement à la France d’outre-mer.

Dans nos cours, nous devons informer nos élèves de la présence de certaines structures (grossesses non désirées, conduites addictives...) mais nous ne trouverons que quelques associations, non pérennes dans de nombreux cas de figures. Et les informations via internet : elles seront inadaptées voire, purement et simplement, inaccessibles hors de la sacro-sainte France !

Ouvrages scolaires inutilisables

Inutile de préciser qu’un livre scolaire écrit pour la France métropolitaine sera quasiment inutilisable dans la France d’outre-mer. C’est évidemment surtout le cas pour nos enseignements en PSE (prévention santé environnement) où tous les thèmes de la vie professionnelle et en société sont traités.

Vous pourrez toujours apprendre à vos élèves une liste longue comme le bras de structures de lutte contre les conduites addictives alors qu’en Guyane il n’en existe qu’une seule pour tout le département (le CSST à Cayenne qui ne relai aucune information sur internet).

Les réformes du Bac

En métropole j’entends souvent des collègues se plaindre des dernières réformes qui ont été mises en place sans aucune réflexion mais uniquement basées sur des idées. C’est vrai, c’est pénible. Mais en métropole on vous fourni quelques, rares, outils pour faire au mieux.

Dans la France d’outre-mer il n’y a souvent pas d’Inspecteur dans votre matière (ou alors il est missionné quelques jours par an sur le territoire).

A cela, il faut ajouter que nombre des beaux outils proposés par le Ministère ne sont pas opérationnels en France d’outre-mer. Par exemple, un joli petit livre a été édité en fin d’année dernière pour présenter l’orientation aux profs PP de 2nde. La plupart des outils proposés à la fin de ce guide sont soit inutilisables, soit inaccessibles depuis la Guyane !

Et l’INRS dans tout cela

Pour ma 6ème année dans la France d’outre-mer je tiens à déplorer que nous (moi et les équipes pédagogiques) n’avons jamais pu recevoir aucune documentation de l’INRS (Institut Nationale de Recherche pour la Sécurité) pour les formations SST (Sauveteur Secouriste du Travail) et PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique).

Depuis 6 ans j’ai formé des élèves au SST et au PRAP sans jamais leur donner le moindre document papier pourtant nécessaire aux formations. L’argument déjà entendu lors de mes rappels téléphoniques c’est que cela revient trop cher d’expédier les docs vers la France d’outre-mer.

Sites internet officiels

INPES et le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité : Fil Santé Jeunes où les services d’information sont explicitement dédiés à la métropole : "Nous ne pouvons traiter que les appels depuis la France."

Le Ministère des Affaires étrangères qui a diffusé une carte (via le magazine lepoint) plaçant la Guyane française comme pays à risque pour les ressortissants français (et qui a placé le Guyana à côté de la Guyane française pour montrer que le niveau d’étude de recrutement du personnel dans les ministères est franchement revu à la baisse !).

Pays déconseillés aux touristes français

Des évolutions lentes dans certains domaines

Depuis peu nos communes hors de France sont référencées au niveau de la qualité de l’eau des réseaux de distribution. Dommage toutefois que les taux de mercure n’apparaissent pas sur les analyses le long des rivières guyanaises (les chercheurs d’or en utilisant de fortes quantités pour leurs travaux d’orpaillage clandestin ou pas).