Classes difficiles
Gérer une classe difficile, c'est avant tout adopter une posture professionnelle, c'est-à dire opposer à la difficulté rencontrée des gestes professionnels et bannir au maximum toute réaction affective.
Une classe peut se montrer difficile parce que les élèves qui la composent sont en difficulté. Nous vous renvoyons dans ce cas au paragraphe précédent.
Les raisons peuvent être très diverses, quelques exemples :
l'horaire ne convient pas (fin d'une longue journée très chargée, excitation après un cours d'EPS[1], cours placé directement avant ou après le repas, etc.) : vous ne pourrez rien y faire, à part vous montrer moins exigeant sur cette plage horaire précisément ;
le cours précédent s'est mal passé : accordez aux élèves quelques minutes pour qu'il puissent « crever l'abcès » (mais veillez à ne pas dépasser le temps imparti !) ;
vous avez prononcé une parole qui a été mal interprétée et les élèves vous en veulent : une simple reformulation suffit ;
votre cours ne leur convient pas : cherchez à voir avec eux où vous pourriez trouver des zones communes à leurs centres d'intérêt et aux exigences du programme dont vous n'êtes que le vecteur ;
il y a des élèves qui font régner la terreur : référez-en à l'ensemble de l'équipe éducative pour élaborer une stratégie ;
il y a une mauvaise ambiance dans la classe : réfléchissez en commun avec le professeur principal et le reste de l'équipe à une/des action(s) propice(s) à créer une ambiance de meilleure qualité et générer un vécu de classe commun.
Dans tous les cas il est important de ne pas rester isolé et d'apporter des réponses élaborées dans le cadre d'une réflexion menée en équipe pédagogique.
Travailler en équipe, c'est également la possibilité pour l'enseignant d'exiger le respect de règles dont il n'est pas le seul dépositaire, dont il n'assume pas seul la responsabilité ni les conséquences.
C'est enfin l'occasion, grâce aux discussions entre collègues, de réaliser qu'une classe difficile avec lui l'est également avec d'autres et donc de comprendre que les «attaques» ne sont pas forcément personnelles.
Remarque :
Si vous êtes confrontés à des élèves en difficulté, il faut savoir que ces difficultés peuvent être dues à :
des phénomènes extra-scolaires : ceux-ci ne relevant pas de vos compétences, invitez l'élève concerné à rencontrer d'autres personnes plus qualifiées avec lesquelles vous vous proposerez de le mettre en relation (CPE[2], AS[3], infirmière, médecin scolaire, etc.) voire procédez vous même, selon le problème évoqué et après en avoir averti l'élève, au signalement auprès de la vie scolaire.
des carences scolaires : elles sont donc par définition momentanées et "dans vos cordes". Il faut ici procéder à une première évaluation diagnostique, de façon à pouvoir discerner la nature de la/des difficulté(s) pour ensuite agir de manière ciblée.
Efforcez-vous en permanence d'adapter votre enseignement aux élèves qui vous sont confiés ou différencier votre enseignement en fonction des difficultés.
Rien ne sert de les pousser dans une marche forcée qui ne fait que creuser l'abîme. Montrez-vous humble dans vos objectifs, tout en demeurant exigeant. Les élèves l'accepteront d'autant mieux que vous les inscrirez de nouveau dans une logique de réussite.
Créez, s'il le faut, vos propres documents et travaillez à partir des erreurs des élèves que vous valoriserez en les exploitant en cours. Aucun élève ne prend plaisir à se tromper et toute erreur à une logique. C'est sur celle-ci que vous devez bâtir votre remédiation, en remontant à la source.
Lorsque les élèves en difficulté ne représentent qu'une partie de la classe, optez pour la différenciation : proposez des rythmes, des supports et des niveaux de compétences différents parmi les élèves lorsque vous les mettez en activité. Vous pouvez également proposer des évaluations ou des critères d'évaluation différents. Les élèves le comprennent fort bien, surtout si vous expliquez votre démarche. L'évaluation, enfin, joue un rôle primordial et doit, là encore, être adaptée : veillez à bien énoncer des critères d'évaluation clairs et laissant une large part à la valorisation de la personne et à des compétences moins "scolaires" (originalité, présentation, rôle joué dans une production de groupe, etc.). Par exemple : l'association d'un binôme au cours d'un TP[4] ou d'un TD[5] d'un élève qui n'a pas (ou moins) de difficultés avec un autre en ayant davantage, est aussi un moyen de remédiation à condition de bien fixer l'objectif qui n'est pas de terminer le TP[4] à marche forcée par le meilleur.
