État de ma cuisine pédagogique : vous allez rire !

, par Patrice HARDOUIN

Régulièrement, des collègues me sollicitent pour essayer de trouver des idées dans l’élaboration de leurs enseignements malgré un sous-équipement en matériel pédagogique.

Dans certaines situations les locaux ont été tellement mal équipés qu’il devient extrêmement difficile d’accueillir les élèves et encore plus difficile de faire quelque cours que ce soit.

Tout commence par un rapport

Mais lisez plutôt ce rapport que ma direction m’a demandé de rédiger à mon entrée sur l’établissement suite à mutation.

Rapport illustré sur l’état de la cuisine pédagogique

Un travail complémentaire important de recherche des documentations techniques avait été fait dès la rentrée pour tenter de trouver les pièces pour les appareils nécessitant des maintenances et concevoir des supports de cours adaptés à mes élèves.

Les conséquences (toutes négatives) du rapport

À la suite de la rédaction de ce rapport ma direction a été contrainte de me demander d’évacuer ce qui était problématique. Autant dire que l’essentiel des meubles (en bois et encrassés) et des batteries de cuisine a été sortie de la cuisine.

Pour couronner le tout, une des portes de la chambre froide est tombée (sur moi en cours de TP) car les fixations étaient tellement rouillées que l’une d’elles a fini par se rompre.

Ensuite, il a été très aisé pour ma direction de me reprocher d’avoir écrit ce rapport (à leur demande) puisque la conséquence était que je me retrouvais sans aucun outil pédagogique par ma faute, évidemment !

Ma direction a refusé :

  • l’utilisation du matériel d’entretien des agents ;
  • la réalisation de TP à la cantine ou simplement de placer 1 ou 2 élèves par TP à la cuisine de la cantine (c’est le chef de cuisine qui refusait pour des raisons de respect des normes d’hygiènes) ;
  • la location de locaux équipés dans un autre collège ou un lycée pro ;

Je tiens à signaler que mes élèves ont tout de même réalisé et vendus une centaine de sandwichs et parts de gâteaux par séance pendant les 3 premiers mois (commande expresse de la direction pour proposer des en-cas aux élèves à la récréation du matin), avant que la cuisine ne soit finalement déclarée officiellement non opérationnelle (c’était moi qui devait faire toutes les courses moyennant une HSE hebdo qui n’a précisément jamais été payée car l’accord n’avait été qu’oral avec la principale).

En bref j’ai du prendre mes élèves dans la salle vide avec comme seuls outils une balance alimentaire, un plan de travail en inox, une vieille monobrosse usée jusqu’à la corde (sans sécurité et sans moyen d’en changer la brosse car trop ancienne), un seau, une frange plate et une vieille raclette à sol. J’ai tout de même pris la liberté de nettoyer le carrelage du couloir devant la salle à la monobrosse afin d’étendre et de diversifier mes TP.

Donc, en bref :

  • TP de cuisine : pesées de sable avec la balance alimentaire
  • TP d’entretien des locaux : dépoussiérage et lavage du sol manuel (frange plate) et lavage mécanique (monobrosse) suivi d’un raclage du sol à la raclette.

Essai d’amélioration des conditions d’accueil des élèves

Voilà tout de même l’état de cette cuisine pour essayer tant bien que mal d’occuper les élèves sur les 2 derniers trimestres (à noter que la chef d’établissement ainsi que l’IEN-ET SBSSA m’avaient refusé les ordinateurs recyclés, mais j’ai finalement pris la liberté de les installer avec l’aide du responsable informatique de l’établissement).

Concernant le refus par l’IEN-ET SBSSA d’avoir quelques ordinateurs recyclés sous GNU/Linux la raison était la suivante : Linux ne serait pas assez évolué, il faudrait du Windows ou du Mac. À cette affirmation, je n’ai pu que commenter le choix d’OS du smartphone de l’inspecteur qui n’était autre qu’un Android qui est un Linux bridé par Google. De plus, les ordinateurs étant anciens, la version de MS Windows en cours ne pouvait pas fonctionner. La seule solution viable était d’y installer Linux. Je tiens à signaler qu’évidemment, aucune dotation informatique neuve n’a été acceptée pour cette salle par mon chef d’établissement ou par mon inspecteur.

Visite virtuelle de la cuisine pédagogique

Conclusion

J’ai évidemment demandé (et obtenu) ma mutation dès la première année.

Si jamais je devais être confronté de nouveau à une telle situation dans un autre établissement je ne pense pas que je rédigerai de rapport : les conséquences peuvent être très difficiles à supporter même pour un prof aguerri comme moi.